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Propos affligeants de la présidence Française en Tunisie

dimanche 18 mai 2008

Que peut-on attendre de la présidence Française en matière de droits de l’homme, lorsque son plus haut représentant tient des propos à ce point irresponsables. En prétendant, lors de sa visite en Tunisie à la fin du mois d’Avril, sans rire que « l’espace des libertés progresse en Tunisie » ou bien qu’il ne veut pas être un donneur de leçon, Nicolas Sarkozy commet une nouvelle fois, une erreur politique qui ne fait que porter un coup supplémentaire à la société civile Tunisienne, et en particulier la Ligue Tunisienne des droits de l’homme (LTDH), muselée, réprimée, attaquée en Justice par des proches du parti au pouvoir, obligée de consacrer l’essentiel de ses forces à sa seule survie (Voire l’article du monde du 27 et 28 avril 2008), l’Association tunisienne des femmes démocrates, l’ensemble des journalistes d’opposition persécutés par une Justice proche du pouvoir, les prisonniers politiques. Ainsi Nicolas Sarkozy envoie toujours les mêmes messages, qu’on lui préférerait être personnels, au lieu de cela entendus, hélas, au nom de la France, les messages qui condamnent les peuples et leurs libertés et flattent ceux parmi leurs dirigeants qui ont des comportements anti-démocratiques.
En réalité, nous ne pouvons pas être surpris par cette position du chef de l’Etat. Il est empêché de tenir des propos responsables et fermes à cause de sa propre politique désastreuse en matière de droits de l’homme sur le territoire Français, renforcée par le silence assourdissant et l’absence remarquée de Rama Yade, la secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, hélas, manipulée, incapable d’un sursaut de dignité que la situation devrait lui imposer. Celle-ci semble bien se maintenir dans son poste, et ce ne sont pas ses protestations molles et vite étouffées qui rachètent une complaisance scandaleuse à l’égard d’une politique d’immigration et d’expulsions proprement inhumaine et sans pareils depuis l’existence de la république Française.
Le chef de l’état ne peut ainsi pas avoir de discours responsable en Afrique et sans doute n’importe où ailleurs dans le monde tout simplement parce qu’il sait qu’il ne serait pas crédible, voire même jugé provocateur tandis que le monde découvre la manière dont sont traités les sans-papiers en France, le caractère systématique des reconduites à la frontière au mépris des droits les plus élémentaires fixés entre autres par la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, la charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne, la convention Européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la déclaration Universelle des droits de l’homme.
Mais à ne citer que l’exemple le plus frappant d’une politique contraire à la devise même de la république Française, nous en oublierions presque les autres dont la liste est longue depuis l’attaque des principes fondateurs de la Sécurité sociale (érigés par le Conseil National de la Résistance à la sortie de la seconde guerre mondiale), à ceux de la justice en passant par ceux du droit du travail.
La société civile Tunisienne ne peut pas compter sur le gouvernement Français, qu’elle compte au moins sur le soutien de la société civile Française, souhaitons le, toujours plus vivante, déterminée dans son combat contre toute forme de régression.

Richard Houdebert